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22 octobre 2022

Les incontournables de Lao Ya Dureuz 136 - Aux premiers rayons lunaires

Aux premiers rayons lunaires

Fallait pas croire que le coucher de soleil allait ramener la quiétude. Fallait pas croire…Cela n’a fait qu’ouvrir une nouvelle boîte, une trouée vers la pâle déraison d’un jour sans. Sans la pitance d’un cœur qui bat. Sans le rythme saccadé d’un rire qui ne fait plus l’ombre. C’est la nuit, le bruit a cessé ses morsures et laissé ce corps vautré dans sa suffisance.

Rien ne paraît, le sourire restera l’ultime rempart de cette démesure, d’une fulgurance répétée de jour en jour. On s’habitue, c’est drôle. Le corps est devenu plastique, coriace comme l’écorce d’un vieil arbre au fond de la forêt. Toujours là, malgré les trépas d’un cycle maintenant convenu. On en reprendrait bien un peu, un dernier gorgeon pour la route. Mais à quoi bon, le temps était venu. 

Le temps a pris son air sombre, d’un soir qui voulait seulement se la jouer tranquille. Mais y’avait trop de manque dans le tableau, la raquette n’avait plus de cordage. A quoi bon chercher des balles neuves, plus rien ne rebondissait. Tendre l’oreille pour écouter le silence, toujours le silence, trop de silence. La nuit emplissait la pièce de son voile. C’est donc ainsi la fin. Y’avais pas d’apothéose, c’est pour les films, toute cette ouate fertile, car ici il fait froid et on trempe dans le stérile, façon Mauricette à deux doigts d’un gémissement. 

Tiens, le soubresaut du quidam vient frapper à la porte de ta prose. Faut croire qu’il reste de la sédimentation dans le feu-follet du coin. Cela donnait un peu de vivacité, un regain d’à-peu-près dans sa version édulcorée comme une mauvaise mélasse qui venait se coller à la glotte. 

La sonnette du crépuscule agrippait ses filaments aux petites rides toujours si mignonnes. La porte s’ouvre, fallait y croire encore un peu. Eldin avait repris sa trace aux premières lueurs d’une lune qui ne voulait pas se faire oublier. Le déménageur des écaillers, la tête enfouie dans ses prétextes nauséabonds, faisait le beau devant une si belle. Belle nova, des plus gracieuses au firmament d’un ciel ennuagé. On voyait des fils argentés sur les contours d’une terrasse déserte et humide. Chacun avait replié ses gaules et dormait au creux de coussinets accueillants, le silence d’une lune qui prend possession d’une voûte céleste, d’une croupe terrestre. 

On pouvait suivre Eldin, l’immensité des herbacées, il vaquait au gré des tiges folles d’herbes toujours plus hautes et indociles d’un jardin qui se délaissait, laissé à l’abandon. Mais si radieux de ne pas être mécanisé et façonné à la manière d’une construction raisonnée. Le jardin avait gardé son originalité, sa fièvre originelle, simple espace terreux et végétal. 

Il savourait ces moments de solitude, il suivait ces traces si semblables à des vies chaotiques et revenait à chaque fois à ce bouquet de roses flétries par un soleil devenu fou. Il se gardait bien de s’y coller. Il ne faisait que le regarder, comptait les derniers pétales restés encore accrochés. 

Le chemin était long avant le retour des premières rumeurs, des lueurs sans gêne d’un soleil qui n’avait pas dit ses derniers sacrements. C’est qu’il en avait sous le talon, not’Eldin. Fallait pas croire que le gravillon d’un modeste sillon allait devenir l’ultime sacrifice. Qu’est-ce donc cet arôme au loin ? Le pavillon d’un grand récif du jardin, la gloriole éphémère d’une sédimentation… c’est encore loin la raison ? La nuit passa, le soleil revint. Et alors, faudra attendre la prochaine lune pour se faufiler un peu plus loin sous les tendres pousses d’une nouvelle journée. Ken Tuch’ les copeaux.

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