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2 mars 2024

N°159 Un tour de Géo

Un point géographique, fallait y penser. Les Incontournables de Lao Ya Dureuz, vaste bréviaire que si t'as toutes les pages, t'as des mots qui se font la causette. Alors les glorieux de l'emphase s'évaporaient entre deux lignes crêmeuses, c'est dire que cet ouvrage en avait sous la couverture. Déjà maintes fois décrits et potentiellement ciblé par des copieux filandreux, ce répulsif à déraison prenait une large place dans la bibliothèque de Lao Ya Dureuz. Il aimait les jours de mauvais vents sur le hauteurs de la Contrée, se prendre un tome, on dirait une tranchounette d'expressivité laodesque. Il n'y avait là aucune autosuffisance et égocentrisme mal placée de la part de l'immensité des plaines scabreuses de la Contrée. Peut-être un brin de nostalgie, avec cette petite pointe d'en découdre encore avec lui-même. L'almanach du grandiose chemine à petits pas, sur les traces de Lao Ya Dureux comportait de nombreux tomes, tombeaux de ses propres errances à jamais inscrits sur ce papier entoilé, 120 grammes tout sec. Plusieurs de ces ouvrages n'étaient pas accessibles aux vils résidus saturés aux bouches à merdre, car ils étaient calligraphiés dans une codification alambiquée, version petite goutte que l'gosier se prend pour un tout-à-l'égout, et c'est Mauricette la plus sceptique. Ces textes savamment rangés, orchestrés se trouvaient dans la partie nord de la bibliothèque, la plus grande et la moins accessible. C'est là que le Grand Sachant pendant de longues heures, tranquillou telle la mogette sur sa saucisse, écrivait ses mémoires, réceptacles incandescents de ses nombreux périples. Il avait pris l'habitude d'utiliser son propre langage imagé et luxuriant.

C'est de ces vastes étagères que beaucoup plus tard, un biographe émérite dans son embonpoint avait commencé la translation linguistique et ainsi ouvert aux esgourdilles calleuses des amoindris du bulbe la petite musique laodesque.

Mais nous retrouverons cette sympathique découverte un autre jour, car là n'est pas le thème de l'emphase du moment.

Ainsi, le point géographique dont il est question dans l'instant est lié à not'Bohu qui venait de se caler les branches dans le logis de Lao. Voilà plusieurs jours que la maisonnée ne désemplissait pas. Ils étaient nombreux, ayant entendu qu’y’avait la nouveauté chez le Grand Sachant, pour venir faire la causette à Bohu. Et ce dernier était devenu copieux dans le discours. Des palabres incessants saturés aux liquoreuses décoctions herbacées de Maître Dee Drouz, résonnaient de matinée en matinée... Cela ne dérangeait pas côté emprise au sol not'Lao, mais les décibels commençaient à attaquer le bouchon des féconds murmures. Pour remédier à la situation, Lao Ya Dureuz se faufilait dans son domaine livreque pour effectuer une recherche bien à-propos... sur la trajectoire de Bohu, et une petite visite s'imposait.

Voyons les choses simplement, l’ensemble est dénommé LES DEUX TERRES. D'accord les géographes du coin se sont pas cassés les duvets frontaux sur l'écorce d'un début de créativité. "Les deux terres" austère et élémentaire dans le phrasé, mais plus complexe qu'il n'y paraît. La cartographie, ancienne et rassemblée par le Grand Sachant, évoquait la présence de trois emprises. Si on ne parle c'est qu'il n'y a que deux terres habitables, le reste c'est cailloux, rochers. Entre ces deux terres s’installait la mer des Sardoises, l'entre-deux -terres. Ce sont quand même pas foulé, les morpions du tracé.

Chacune de ces deux terres a un point de contact avec "l'Ailleurs" l'inconnu terrestre de ceux de l'autre terre... c'est dire que c'est pas tout prêt. Lao Ya Dureuz connait bien cet ailleurs, il en vient. Tous ceux qui ont passé la porte -"la vouvoûte des impossibles retours" comme les quignons résidentiels la dénomment - n'ont jamais fait le chemin inverse.

Les Deux Terres donc... se résumait à ces deux terres, à la mer des Sardoises, et à quelques cailloux mal dégrossis.

Parlons d’abord de la Contrée, considérée par les appareillés du bulbe comme la terre "capitale" des Deux terres, elle est bien connue de tous. Un lieu parsemé de montagnes au forts monts enneigés, encore pour certains inexplorés, de forêts denses de feuillus et de plaines grasses et aguichantes. C’est cela la Contrée, le fief de Lao Ya Dureuz.

En haut, la Haute Contrée, en bas, la Basse Contrée, un bel effet d’uppercut dans la démonstration sans effet secondaire.

De l’autre côté, en passant par la mer des Sardoises, on tombe sur La terre des Sancthys, le sanctuaire des arides. Rien à gratter au mètre carré ; même les habitants sont durs au mal, des fiers, des gagnepetits au caractère endurci par un climat à saison unique : froid et sec.

Et puis, il faut parler de la mer des Sardoises, vaste étendue liquide passible de troubles éphémères et de phénomènes tempétueux qui te remettait la verticale dans le sens de l’opercule. Fallait être un marin aguerri, tendance effronté du bonnet car il y avait du vent, des vagues et des tourbillons impétueux. Plusieurs avaient essayé de traverser cette mer au plaisir d’une bonne balade et on les cherche encore. C’était pas une ligne droite, fallait viser. Les rochers et les ilets apparaissaient au fil des lunes qui n’en faisaient qu’à leur quart. Pas une carte fiable tenait la route. La mer des Sardoises exigeante était réservée pour les plus téméraires des navigateurs. Lao avait rencontré ces énergumènes flétris à l’eau salée et aux embruns à très forte pression. C’étaient pas des rigolos, mais plutôt des vivifiants frondeurs.

Comme un mauvais songe humide, on cherchait le chemin, le bon trajet pour faire la passe. Les plus grands cartographes s’étaient essayés à la tâche. Après une virée topographique au plus fort des rafales, ils avaient posé chaque ilet et rocher. Mais sitôt l’encre séchée, la carte était obsolète. Les ilets semblaient s’amuser à changer de place au cours d’une nuit étoilée. Tout à refaire, tourbillons à tous les étages, du vent dans les voiles à vous déglinguer les fibres de bas en haut. Fallait se tenir aux bastingages et garder la tête haute. Y’avait toujours un risque que l’embarcation se retourne ou se fracasse sur un récif, un petit rocher en vadrouille. Alors bien sûr, les plus chanceux se gargarisaient les mandibules de poncifs arguments auto-satisfaisant. Ils avaient réussi. On disait qu’aucun d’eux ne souhaitait revivre l’expérience. Ils étaient tous devenus des piliers de tavernes à conter leurs périples.

C’était le topo géographique des Deux-Terres, un peu rapide et Lao Ya Dureuz se disait que cela méritait une petite sortie. C’est que le bougre avait l’âme d’un aventurier des hauts-fonds et c’était pas une vaguelette se tapant les moignons sur un flux de brisants qu’allait le ralentir.

Maintenant fallait prendre Bohu dans le sens des filaments pour le décoincer de son doux exil et le faire revenir à sa terre natale. Ça c’était le prochain enfourchement, version Mauricette les osselets pris dans la purée de gorets. Ken Tuch’ les audacieux.

 

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