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untourdansmacoquille

6 mars 2024

N°160 La décision

Ça tricotait sévère dans le frontal du Grand Sachant, et fallait pas se fourvoyer les mitaines dans la confiture, c'était sévère. Pour résumer le concept, Lao Ya Dureuz réfléchissait sur la façon dont il allait traiter le cas Bohu. Voilà maintenant plusieurs lunes que Bohu avait planté ses lampions sur les terres de la Contrée. Il coulait des jours tranquilles sans se préoccuper du temps qui passe et ça filait comme une luciole un soir d'été. Il affrontait les jours à mesure qu'ils venaient, pas de lendemain que du présent. Il dégustait ces succulents instants comme un bâton de suc gélatineux. Lao Ya Dureuz au commencement trouvait l'étape de Bohu à la Haute Contrée sympathique, voir tendance chouette. Mais à force, cela usait.

Bohu n’en avait pas conscience. Il en était bien incapable tout occupé à aider Maître Dee Drouz, ou à rendre visite à Li Chou ZE. Fallait voir le gourmand esthète ausculter les préparatifs déjeunatoires de l'extravagante restauratrice de la Haute Contrée. On n’était jamais à l'abri d'une explosion d'odeurs et de couleurs dans les assiettes à vous décontaminer les neurones. En gros, et y’a pas de médisance dans le propos, Bohu s'encroutait et ça rendait triste Lao. Il n'avait pas une répulsion inhospitalière, principe absent chez Lao. Non, il pensait seulement qu'il serait bon pour Bohu de retourner chez lui ou tout le moins de poursuivre quête de l'Ailleurs, ailleurs.

Un beau matin que le vent tout aussi matinal avait donné leur ticket de sortie aux nuages, Lao Ya Dureuz décida d'emmener Bohu en balade. Pas frais du pâté le matin, le nuit avait été courte une fois de plus. Bohu avait longuement conversé du bien-fondé du néant dans le rien, sujet pour une fois lancé par Lao.

Alors ce matin, les volets avaient du mal à trouver une position ouverte chez not’Bohu. Il aurait bien voulu décliner et rester planqué sous les couvertures. Mais quand Lao veut, c'est pas le moment de lésiner sur la semelle.

Donc voilà nos deux compères sur les petits chemins rocheux des premières pentes de la Haute Contrée. Il n'avait pas fallu longtemps pour que Bohu se rende compte des méfaits de son immobilisme persistant. L'état statique dans lequel il s'était embourbé depuis son arrivée l'avait gavé façon Mauricette aux contours d'une cassolette de rognons givrés.

Pour Lao Ya Dureuz c'était sifflotement à tous étages, il touchait vaguement le sol de sa semelle. Ça coulait doux. Il connaissait chaque petite point rocheuse, et il avait l'endurance ! le bougre de la Haute Contrée !

Au détour d'une nouvelle épingle à un pourcentage de côte que t'avais pas tous les rayons, Bohu commençait à chercher son souffle dans un coin profond de sa glotte. Il s'arrêta net telle la pierre sur son arête. Il quémanda à Lao une pause. Histoire de récupérer un semblant de rythme respiratoire. Lao Ya Dureuz prit la pose. D'un air distrait que la libellule s'écarquille encore les osselets sur sa voile, Lao demanda à Bohu quel serait son programme à venir. Vaste question pour un quidam qui avait une descente de poumons dans l'estomac. Bohu, il n'en savait pas grand-chose, il tournait en rond tel Raymond devant un mascarpone rillette. L'occasion sur un grand plateau, Lao s'empressa de dérouler son programme à Bohu. Clair comme la rincette herbacée de Maître Dee Drouz après trois lunes en fût, le discours de Lao avait été rodé et fit mouche dans le sens du vibrato.

Après une si longue absence, il promettait à Bohu un beau chemin de retrouvaille sur les terres de Sancthys. Ce serait l'occasion pour Bohu de faire découvrir à Lao sa belle terre, et ainsi pour Lao d'en faire une démonstrative présentation à la grande salle des sages de la Contrée à son retour.

Lao prit tous les raccourcis et arguties pour ne pas donner la possibilité à Bohu de rétorquer la moindre argumentation contraire. De fait, Lao avait vu juste, et Bohu était quand même bien content d'envisager le projet d'un chemin retour. Il avait tant de choses à dire à tous ceux qui étaient restés sur sa terre natale. Malgré tout ce qu'il avait vécu ces derniers jours, l'hésitation chez Bohu ne fut que de courte durée. Lao porta le coup final en évoquant le souhait d'accompagner Bohu sur le chemin retour. Ce serait pour lui, "l'immensité des chemins plats et pas que" de la Haute Contrée, un honneur et une belle aventure. Lao s'était aussi un peu encroûté ces derniers temps.

La pose fut longue, l'échange après l'intensité respectable d'une belle discussion succomba dans le silence, chacun goûta des yeux le paysage. D'abord les plaines striées de haies hautes et foisonnantes. Toutes les couleurs s'étaient donné rendez-vous ; plus au loin les premières roches des monts de la Haute Contrée. Un peu en contrebas, on voyait le fin serpent bleu se faufilant le long d'étendues verdoyantes pour se jeter dans la mer des Sardoises. Lao Ya Dureuz n'en finissait pas de découvrir chaque petites parcelles de ce doux spectacle comme une toile peinte...

Après quelques heures de marche dans le sens de la déglutition, Bohu et Lao arrivèrent à destination. Maître Dee Drouz et Li Chou Ze attendaient sur la terrasse en s'aspergeant les fonds de canines avec un sirop aux deux timbales d’arbouses. Ils ne furent pas surpris, ils savaient que Lao Ya Dureuz avait entrepris cette marche pour expliquer à Bohu l'importance du retour. Ils connaissaient aussi sa persuasion.

Pas de tristesse mais de la joie au programme, tout était normal... normalité toute laodesque bien sûr. Ce sera l'occasion d'une nouvelle grande fête.

Et maintenant il fallait préparer ce nouveau départ. Pour Maître Dee Drouz s'était enfin la sensation d'une renaissance dans la maisonnée de Lao. Cela faisait si longtemps. Dès demain il se mettrait à préparer les affaires du Grand Sachant.

Pour Li Chou Ze, il s'agissait plutôt d'envisager ce que serait cette grande fête. Elle s'éloigna avec Bohu vers le jardin pour concocter ce feu d'artifice gustatif.

Ken'Tuch, les glauques

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3 mars 2024

Lao et Bohu sur les chemins de la Haute Contrée

 

2 mars 2024

N°159 Un tour de Géo

Un point géographique, fallait y penser. Les Incontournables de Lao Ya Dureuz, vaste bréviaire que si t'as toutes les pages, t'as des mots qui se font la causette. Alors les glorieux de l'emphase s'évaporaient entre deux lignes crêmeuses, c'est dire que cet ouvrage en avait sous la couverture. Déjà maintes fois décrits et potentiellement ciblé par des copieux filandreux, ce répulsif à déraison prenait une large place dans la bibliothèque de Lao Ya Dureuz. Il aimait les jours de mauvais vents sur le hauteurs de la Contrée, se prendre un tome, on dirait une tranchounette d'expressivité laodesque. Il n'y avait là aucune autosuffisance et égocentrisme mal placée de la part de l'immensité des plaines scabreuses de la Contrée. Peut-être un brin de nostalgie, avec cette petite pointe d'en découdre encore avec lui-même. L'almanach du grandiose chemine à petits pas, sur les traces de Lao Ya Dureux comportait de nombreux tomes, tombeaux de ses propres errances à jamais inscrits sur ce papier entoilé, 120 grammes tout sec. Plusieurs de ces ouvrages n'étaient pas accessibles aux vils résidus saturés aux bouches à merdre, car ils étaient calligraphiés dans une codification alambiquée, version petite goutte que l'gosier se prend pour un tout-à-l'égout, et c'est Mauricette la plus sceptique. Ces textes savamment rangés, orchestrés se trouvaient dans la partie nord de la bibliothèque, la plus grande et la moins accessible. C'est là que le Grand Sachant pendant de longues heures, tranquillou telle la mogette sur sa saucisse, écrivait ses mémoires, réceptacles incandescents de ses nombreux périples. Il avait pris l'habitude d'utiliser son propre langage imagé et luxuriant.

C'est de ces vastes étagères que beaucoup plus tard, un biographe émérite dans son embonpoint avait commencé la translation linguistique et ainsi ouvert aux esgourdilles calleuses des amoindris du bulbe la petite musique laodesque.

Mais nous retrouverons cette sympathique découverte un autre jour, car là n'est pas le thème de l'emphase du moment.

Ainsi, le point géographique dont il est question dans l'instant est lié à not'Bohu qui venait de se caler les branches dans le logis de Lao. Voilà plusieurs jours que la maisonnée ne désemplissait pas. Ils étaient nombreux, ayant entendu qu’y’avait la nouveauté chez le Grand Sachant, pour venir faire la causette à Bohu. Et ce dernier était devenu copieux dans le discours. Des palabres incessants saturés aux liquoreuses décoctions herbacées de Maître Dee Drouz, résonnaient de matinée en matinée... Cela ne dérangeait pas côté emprise au sol not'Lao, mais les décibels commençaient à attaquer le bouchon des féconds murmures. Pour remédier à la situation, Lao Ya Dureuz se faufilait dans son domaine livreque pour effectuer une recherche bien à-propos... sur la trajectoire de Bohu, et une petite visite s'imposait.

Voyons les choses simplement, l’ensemble est dénommé LES DEUX TERRES. D'accord les géographes du coin se sont pas cassés les duvets frontaux sur l'écorce d'un début de créativité. "Les deux terres" austère et élémentaire dans le phrasé, mais plus complexe qu'il n'y paraît. La cartographie, ancienne et rassemblée par le Grand Sachant, évoquait la présence de trois emprises. Si on ne parle c'est qu'il n'y a que deux terres habitables, le reste c'est cailloux, rochers. Entre ces deux terres s’installait la mer des Sardoises, l'entre-deux -terres. Ce sont quand même pas foulé, les morpions du tracé.

Chacune de ces deux terres a un point de contact avec "l'Ailleurs" l'inconnu terrestre de ceux de l'autre terre... c'est dire que c'est pas tout prêt. Lao Ya Dureuz connait bien cet ailleurs, il en vient. Tous ceux qui ont passé la porte -"la vouvoûte des impossibles retours" comme les quignons résidentiels la dénomment - n'ont jamais fait le chemin inverse.

Les Deux Terres donc... se résumait à ces deux terres, à la mer des Sardoises, et à quelques cailloux mal dégrossis.

Parlons d’abord de la Contrée, considérée par les appareillés du bulbe comme la terre "capitale" des Deux terres, elle est bien connue de tous. Un lieu parsemé de montagnes au forts monts enneigés, encore pour certains inexplorés, de forêts denses de feuillus et de plaines grasses et aguichantes. C’est cela la Contrée, le fief de Lao Ya Dureuz.

En haut, la Haute Contrée, en bas, la Basse Contrée, un bel effet d’uppercut dans la démonstration sans effet secondaire.

De l’autre côté, en passant par la mer des Sardoises, on tombe sur La terre des Sancthys, le sanctuaire des arides. Rien à gratter au mètre carré ; même les habitants sont durs au mal, des fiers, des gagnepetits au caractère endurci par un climat à saison unique : froid et sec.

Et puis, il faut parler de la mer des Sardoises, vaste étendue liquide passible de troubles éphémères et de phénomènes tempétueux qui te remettait la verticale dans le sens de l’opercule. Fallait être un marin aguerri, tendance effronté du bonnet car il y avait du vent, des vagues et des tourbillons impétueux. Plusieurs avaient essayé de traverser cette mer au plaisir d’une bonne balade et on les cherche encore. C’était pas une ligne droite, fallait viser. Les rochers et les ilets apparaissaient au fil des lunes qui n’en faisaient qu’à leur quart. Pas une carte fiable tenait la route. La mer des Sardoises exigeante était réservée pour les plus téméraires des navigateurs. Lao avait rencontré ces énergumènes flétris à l’eau salée et aux embruns à très forte pression. C’étaient pas des rigolos, mais plutôt des vivifiants frondeurs.

Comme un mauvais songe humide, on cherchait le chemin, le bon trajet pour faire la passe. Les plus grands cartographes s’étaient essayés à la tâche. Après une virée topographique au plus fort des rafales, ils avaient posé chaque ilet et rocher. Mais sitôt l’encre séchée, la carte était obsolète. Les ilets semblaient s’amuser à changer de place au cours d’une nuit étoilée. Tout à refaire, tourbillons à tous les étages, du vent dans les voiles à vous déglinguer les fibres de bas en haut. Fallait se tenir aux bastingages et garder la tête haute. Y’avait toujours un risque que l’embarcation se retourne ou se fracasse sur un récif, un petit rocher en vadrouille. Alors bien sûr, les plus chanceux se gargarisaient les mandibules de poncifs arguments auto-satisfaisant. Ils avaient réussi. On disait qu’aucun d’eux ne souhaitait revivre l’expérience. Ils étaient tous devenus des piliers de tavernes à conter leurs périples.

C’était le topo géographique des Deux-Terres, un peu rapide et Lao Ya Dureuz se disait que cela méritait une petite sortie. C’est que le bougre avait l’âme d’un aventurier des hauts-fonds et c’était pas une vaguelette se tapant les moignons sur un flux de brisants qu’allait le ralentir.

Maintenant fallait prendre Bohu dans le sens des filaments pour le décoincer de son doux exil et le faire revenir à sa terre natale. Ça c’était le prochain enfourchement, version Mauricette les osselets pris dans la purée de gorets. Ken Tuch’ les audacieux.

 

27 février 2024

N°158 Petits palabres entre amis

Globule parmi les globules, emphase déjà trépassée, le vide s’installait dans la torpeur d’une saison de la Haute Contrée qui n’en finissait de raconter ses errances éventées.

Somme toute y’avait comme une petite senteur de derrière les premiers buissons, tressaillant au souffle court d’une coccinelle qu’aurait perdu tous ses points.

Mais alors il était où le firmament de la mousse à quiétude ? Question bien pesée, petit glouton bouché aux échos ergotant de sachants névrosés. 

Mais point de négatives et malodorantes suspicions pour un si peu. Non, il fallait seulement voir le signe, noir dans le sombre d’un hiver lugubre, que t’as les mandibules qui se touchent. Ça frissonne comme Mauricette, la belle des burettes à huile.

Le sombre lui va si bien, il rayonne dans les éclats lumineux d’une plaine saturée par les effluves des pins rassasiés par cet hiver si long. Et c’était long même pour le Grand Sachant, malgré cette capacité d’intérioriser les vagues à l’âme tellement loin que t’as l’impression de regarder le vide. Alors penser, pour le reste des auto-céphalées burinées à la morve des bouches à merdre, eux là ? oui ! et bien ils étaient en mode décomposition version bio dégradable et ça c’était bien.

Lao restait assis à regarder l’horizon. Il travaillait ainsi pour chercher au plus loin de son regard ses prochaines destinations. Il savait déjà quelle serait sa prochaine échappée. Depuis l’arrivée de Bohu, la maison avait pris du relief et de la flamboyance. Bohu avait cette capacité à lancer des débats sans jamais pouvoir y participer. Il émettait un doute sur une affirmation d’un hôte de Lao, ou sur une suggestion de Maître Dee Drouz. Et voilà que, tout un chacun, fort de ses croyances, se voulait être le dernier argumentateur et clore les palabres. Lao Ya Dureuz ne participait pas à ces causeries divertissantes, il s’en amusait et était fort intéressé par quelques arguties pas toujours négligeables. Les soirées étaient donc enjouées, jamais de colère. Chacun des convives respectait l’hôte et sa capacité au silence comme une vertu de la connaissance.

Bohu ne voyait pas de mal à lancer ces bavardages, c’était naturel comme le vagissement d’une Mauricette devant des noix de sangliers fourrés aux deux épices.  Un délice … ! (Mais attention, le sanglier doit être consentant).

Ainsi les soirées passaient gentiment.

Lao Ya Dureuz depuis l’arrivée de Bohu un jour de froid que t’as les gerçures qui viennent te titiller le maxillaire inférieur, avait entrepris de connaître un peu mieux ce nouvel arrivant. « Le Sachant a grand besoin de savoir » était une phrase récurrent de Lao, estimant qu’il avait toujours à apprendre.

Souvent après le petit déjeuner, lors de leur balade dans le jardin ou dans les ruelles de la Haute Contrée, Lao lançait une conversation sur le passé de Bohu. Les réponses d’imprécises et succinctes au début devinrent au fil des parcours plus claires, ordonnées. Bohu venait d’une autre province, lointaine de la Contrée, à plusieurs jours de marche et de bateau. Car il fallait traverser la mer des Sardoises, vaste étendue liquide peu fréquentable par le commun.

Bohu, un jour d’été, que t’as la glotte qui s’éraille, avait décidé de quitter son fief pour découvrir le « ailleurs ». Vaste sujet et vrai défi pour un petit gars qui n’avait jamais quitté son petit domaine familial. Car Bohu n’était pas seul, il avait laissé derrière parents, grands-parents, frères et sœurs, famille et amis. Mais l’appel du grand large et de l’aventure étaient plus forts ;

Lao Ya Dureuz comprenait cet envie de découvrir ce qu’il y a derrière cet horizon. Il en avait fait l’expérience de nombreuses fois. Il revenait à chaque fois, plus fort, plus déterminé et avec ce carburant de connaissances. Alors se disait-il quand est-ce que Bohu reprendrait la route. Pour l’instant à cette question fort simple, l’intéressé ne répondait pas ou seulement par des gargouillis fuyants. Mais Lao Ya Dureuz savait que lorsque le temps serait venu de reprendre la route, il accompagnerait Bohu dans ce nouveau périple aux confins des deux-terres et la mer des Sardoises.

Ken Tuch les morgâgnoux.

 

Morgâgnoux en patois angevin : boueux, marcageux, humide

24 février 2024

N°158 Petits palabres entre amis

Globule parmi les globules, emphase déjà trépassée, le vide s’installait dans la torpeur d’une saison de la Haute Contrée qui n’en finissait de raconter ses errances éventées. 

Somme toute y’avait comme une petite senteur de derrière les premiers buissons, tressaillant au souffle court d’une coccinelle qu’aurait perdu tous ses points. 

Mais alors il était où le firmament de la mousse à quiétude ? Question bien pesée, petit glouton bouché aux échos ergotant de sachants névrosés.  

Mais point de négatives et malodorantes suspicions pour un si peu. Non, il fallait seulement voir le signe, noir dans le sombre d’un hiver lugubre, que t’as les mandibules qui se touchent. Ça frissonne comme Mauricette, la belle des burettes à huile.

Le sombre lui va si bien, il rayonne dans les éclats lumineux d’une plaine saturée par les effluves des pins rassasiés par cet hiver si long. Et c’était long même pour le Grand Sachant, malgré cette capacité d’intérioriser les vagues à l’âme tellement loin que t’as l’impression de regarder le vide. Alors penser, pour le reste des auto-céphalées burinées à la morve des bouches à merdre, eux là ? oui ! et bien ils étaient en mode décomposition version bio dégradable et ça c’était bien.

Lao restait assis à regarder l’horizon. Il travaillait ainsi pour chercher au plus loin de son regard ses prochaines destinations. Il savait déjà quelle serait sa prochaine échappée. Depuis l’arrivée de Bohu, la maison avait pris du relief et de la flamboyance. Bohu avait cette capacité à lancer des débats sans jamais pouvoir y participer. Il émettait un doute sur une affirmation d’un hôte de Lao, ou sur une suggestion de Maître Dee Drouz. Et voilà que, tout un chacun, fort de ses croyances, se voulait être le dernier argumentateur et clore les palabres. Lao Ya Dureuz ne participait pas à ces causeries divertissantes, il s’en amusait et était fort intéressé par quelques arguties pas toujours négligeables. Les soirées étaient donc enjouées, jamais de colère. Chacun des convives respectait l’hôte et sa capacité au silence comme une vertu de la connaissance.

Bohu ne voyait pas de mal à lancer ces bavardages, c’était naturel comme le vagissement d’une Mauricette devant des noix de sangliers fourrés aux deux épices.  Un délice … ! (Mais attention, le sanglier doit être consentant).

Ainsi les soirées passaient gentiment. 

Lao Ya Dureuz depuis l’arrivée de Bohu un jour de froid que t’as les gerçures qui viennent te titiller le maxillaire inférieur, avait entrepris de connaître un peu mieux ce nouvel arrivant. « Le Sachant a grand besoin de savoir » était une phrase récurrent de Lao, estimant qu’il avait toujours à apprendre.

Souvent après le petit déjeuner, lors de leur balade dans le jardin ou dans les ruelles de la Haute Contrée, Lao lançait une conversation sur le passé de Bohu. Les réponses d’imprécises et succinctes au début devinrent au fil des parcours plus claires, ordonnées. Bohu venait d’une autre province, lointaine de la Contrée, à plusieurs jours de marche et de bateau. Car il fallait traverser la mer des Sardoises, vaste étendue liquide peu fréquentable par le commun. 

Bohu, un jour d’été, que t’as la glotte qui s’éraille, avait décidé de quitter son fief pour découvrir le « ailleurs ». Vaste sujet et vrai défi pour un petit gars qui n’avait jamais quitté son petit domaine familial. Car Bohu n’était pas seul, il avait laissé derrière parents, grands-parents, frères et sœurs, famille et amis. Mais l’appel du grand large et de l’aventure étaient plus forts ; 

Lao Ya Dureuz comprenait cet envie de découvrir ce qu’il y a derrière cet horizon. Il en avait fait l’expérience de nombreuses fois. Il revenait à chaque fois, plus fort, plus déterminé et avec ce carburant de connaissances. Alors se disait-il quand est-ce que Bohu reprendrait la route. Pour l’instant à cette question fort simple, l’intéressé ne répondait pas ou seulement par des gargouillis fuyants. Mais Lao Ya Dureuz savait que lorsque le temps serait venu de reprendre la route, il accompagnerait Bohu dans ce nouveau périple aux confins des deux-terres et la mer des Sardoises.

Ken Tuch les morgâgnoux.

 

Morgâgnoux en patois angevin : boueux, marcageux, humide

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17 février 2024

N°157 T'as le magma en balade

« Bohu, bohu, bohu… ! t’es tombé bien bas » disait la sereine rumeur des bas-tréfonds de la Haute Contrée. Bohu, un jour tu le rencontres et le lendemain, c’est « bonjour ! » à toutes les étagères. Bohu, un quidam qui t’entreprend les narines dans les sens du vaurien, et c’est pas rien. Il faisait frais au fond de la clairière bordé de ce petit bosquet fleuri, qui te donnerai l’envie d’y cacher ton insouciance. Bohu, du respect en couches successives de gageurs à s’en prendre les filaments dans le ressort à déraison. T’enchaînes, vite…vaut mieux, faut s’éterniser à s’imbiber son égo. D’avance, t’avances et après tu compteras ce qui restera. Rien. « Tu recomptes ! » Bohu chavire et s’emmêle les additions pour éviter les soustractions. « T’as pas le compte ! » Mais c’est pas ça, y’a rien à compter. Tout à disparu. Petit air frais, faux semblant d’un final à la hauteur du désarroi.

Alors voilà Bohu, une fois de plus, et d’une belle quinte et pas toujours dans le désordre, il nous le coup du mot qui compte triple… à sec.

Bleu comme une petite vague

Qui scintille le long de la dune

Préalable à ce frisson désespérant

Le sable ne garde pas la trace

La frêle foulée s’en est allé

Elle est où…

« Bohu, Bohu, bohu, …alors le Bohu, Y’a l’chambranle de porte qu’a pris la poudre d’escampette » disait la rumeur bienfondé dans son firmament. 

Attention, vot’seigneurie, faut dire Bohu et pas le Bohu. Rien que Bohu. Expression autoformée sur elle-même, façon d’en laisser le moins possible sur le chemin. Bohu, c’est le vent léger sur une joue chaude et brillante, aspergée et irriguées par ces propres certitudes. Bohu, un sentiment qui n’aurait pas finit sa course effrontée dans les errances de la solitude. 

Bohu, c’est rien et ça passera. Ça passe toujours.

Lao Ya Dureuz reprend une gorgée de sa décoction herbeuse à géométrie tellurique variable. On serait plutôt en tendance dépressionnaire. Il n’en a pas fini avec Bohu. Ce n’est que le commencement. 

Un matin au plus tardif des levers de soleil, il était là. Installé, assis sur une chaise de la terrasse. Il avait froid, tremblait de tous ses os et muscles tétanisés. Il n’osait pas rentré ou juste tapé à la fenêtre. Il connaissait peu l’immensité des plaines et monts de la Haute Contrée, Lao Ya Dureuz, lui-même dans le corpus. Il avait bien entendu de- ci de-là des comptines verdoyantes et succulentes sur les agapes du coin. Avec Li Chou Ze et Maître Dee Drouz, Lao Ya Dureuz n’était pas le dernier à tailler dans le jarret à coup de fourchettes et il avait institué depuis longtemps des séminaires où truculence et appétence étaient de mèche. Fallait voir les tablées et …. 

Mais, reprenons car le quidam, de son petit nom Bohu était toujours dehors en train de se geler les moignons et on faisait dans le cornet à deux boules… Et non Mauricette, sans la facette…

Lao Ya Dureuz voyant le gelé collé à la chaise, décida de le faire rentrer dans la maison. Directement dans la grande salle à manger, où trône en son centre une immense table de bois de Quercus, directement provenant de la forêt Laodesque. 

Maître Dee Drouz n’eut aucun mal à redonner des couleurs à Bohu. Les soupes et autres tartes tout juste sortis du four, l’avait remis sur pied. 

Lao Ya Dureuz, hôte attentif et contemplatif des affres d’un vaste champ d’incontinents du bulbe, s’inquiéta de la situation du Bohu. Cela donna de belles escarmouches verbales, couplées à de vivifiant fou-rire. La journée s’étira ainsi, autour d’un Bohu. Un nouveau venu qu’avait à trouver le ressort avant de toucher le fond. Y’a toujours un fond. Ken Tuch, les durillons.

Et puis non, le prénom de Bohu c’est pas Tohu…. Petite flammèche fertile en suintant commentaires. 

 

1 janvier 2024

2024

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31 décembre 2023

N°156 De la lumière en embuscade

« La muse rit, elle a tellement ri, sourire aux lèvres comme la bataille rangée contre l’improbable. Aura-t-elle encore le rire comme étendard ?» énonçait Maître Dee Drouz, un soir que t’as les genouillères dans le gratin. 

Cette longue impasse verbale, il la partageait avec le docteur Trez’mol, le casseur des burettes à huile, le dignitaire des « doigts dans la prise que si t’as des palpitations, c’est qu’y a un doute ».

Dans son domaine, il était fréquent de penser que le doute n’existait pas. La certitude en bandoulière, les hauts tenants de cette perfide science planaient sur les contradicteurs, petites jointures sans relief. Eux savaient point ... sans ficelle ni consigne. Les fugaces bouches à merdre autoproclamées n’avaient qu’à se ligoter les moignons pour s’éviter le tampon funeste.

Mais reprenons le propos digeste du moment, comme dirait Mauricette en apnée sur son lit de pâquerettes.

Le docteur Trez’mol, nouveau venu dans la Haut Contrée, avait le ton juste et l’emphase parabolique. Sans logique dans la turpitude du millésime, on l’avait déjà affublé du sobriquet : « Le Mèzgue ». Ici-bas dans la Haute Contrée tous les fils rouges ne se touchaient pas. Y’avait toujours bataille dans la plote.

Le doc, le Mèzgue, pour les décaissés des complétudes, était venu, en cette fin de journée radieuse d’hiver, faire une petite visite de courtoisie à son immensité Lao Ya Dureuz, plus simplement évoqué sous la terminologie de Grand Sachant. Faut savoir être simple comme une Mauricette en fond de glotte.

Lao Ya Dureuz avait commencé sa journée dans son grand jardin. L’hiver était l’apaisement chez les plantations. Tout semblait dormir profondément, attendant le vrombissement de la sève dans les tiges. Et non, Mauricette faut pas baver sur le tapis, ça fait des traces !!

Il scrutait pourtant chaque branche, chaque rangée d’arbustes en floraison. Chaque saison avait son effluve, sa couleur et son destin. Et la saison de l’hiver avait sa place bien au frais dans le tumulte d’un cycle de vie. Elle se prédestinait au passage d’une nouvelle porte au cœur du noir. Les plus anciens, bien plus poussières que la fine mémoire de la Haute Contrée, l’évoquaient au cours de longues soirées comme le « Miz Kerzu » obscur profundis vers la nouvelle ère. Une fois de plus, Lao Ya Dureuz attendait ce passage, délectation des sens. Le sombre redonnerait la possibilité à la lumière d’apparaître et d’éclaircir nos visions. Ainsi, le jardin de Lao reprendrait sa sage détermination à l’éclosion vagabonde.  Et dans tout cela, le Mèzgue, il était perdu le p’tiot. C’est qu’il avait vu large en pensant qu’il fallait qu’une visite pour faire le tour du proprio. Pas simple, le bastringue. Maître Dee Drouz l’avait prévenu. Le rire ne s’éteint pas avec l’interrupteur du bonheur. Il s’auto-alimente comme une vague naissante et tempétueuse qui vient déferler sur les rives d’une belle… d’une mirifique comète. 

Le Mèzgue est reparti ainsi qu’il était venu, petitement et glissant sur ses certitudes mais rempli de sagesse et d’intenses calculs pour les cohortes futures qui viendront l’éclairer.

Lao Ya Dureuz continuait, lui, à vadrouiller dans les limbes terreuses de son jardin. Bien plus occupé par cette nature au devenir opulente que par l’écumante bave de laborieux scoliastes ankylosés. La muse, elle, continuait de rire, c’est sûr.

Ken’Tuch les radieux.

25 décembre 2023

Merci

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6 décembre 2023

N°155 Grabuge

Y’a du grabuge dans le trémolo. Faut croire que les intersections de la causerie ont pris de la gîte dans le gras. Vot’biographe, tout aussi élimé qu’un varech sur son rocher, a bien du mal à s’extirper de son ressac.

Allez, une dernière louchée pour Mauricette, la limbe des nénuphars, que t’en as plus des si limpides de nos jours. Ça sentait l’apogée d’une glorieuse pétarade qu’aurait mis un certain temps à sortir. 

 

C’est ici qu’on descend, qu’on prend la ficelle par le bon bout. Faudra se résoudre à s’émietter les papilles sur son lit de pâquerettes. 

Attention, les vicelards de la molette et du gerflex, faut prendre la mesure du moment. Ben oui, Môman, fallait pas mettre les mandibules…là où que ça titille !

 

Vot’biographe, les doigts dans les plissures de sa destinée, avait flâné dans sa réflexion. Le premier qui glousse a les cratères nasaux en ablation. C’est que y’avait de l’esbrouffe dans les jointures et de la quiétude dans les moyeux, la réverbération orbitale ça dure. Mais quand ça s’éjecte façon Mauricette un soir de raclette sauce gribiche, t’es sûr que y’a plus de creux, c’est saturé à la mogette.

 

Alors là, à l’instant que t’as commencé ta première déglutition post-natale, que t’as levé les yeux au ciel et que tu t’es dit que ça valait pas la peine de sortir. Alors là, t’es dans la mouise pour une certain temps. Mais heureusement que Lao Ya Dureuz, le templier des bastingages à support molletonneux, avait tout compris depuis toujours. Les premiers nuages sont toujours pour lui de nouveaux horizons à dégager, des ribambelles de vagues à l’âme qui emplissent les bas de plafond d’un bienfaisant relent. 

Y’avait encore du chemin à parcourir. C’est qu’il y avait du stock dans la niche productive du Grand Sachant, l’immensité du modeste et de l’invisible. Lao Ya Dureuz avait, au cours de ces dernières circonvolutions liminaires, cheminé sur les petits chemins de la Contrée. Chacun maintenant a bien en tête le concept. Lao toujours à l’affût d’une gloussade prenait le temps de rencontrer le quidam, façon d’engager la discute avec le primate.

 

Tout aussi hospitalière qu’une brassée de nudistes sur un lit de glace anisée, la Contrée, vaste étendue de rien, donnait du rêve aux plus érudits des pays à jamais engoncés dans les certitudes à deux cartouches explosives et sanguinolentes. La Contrée, fief de Lao Ya Dureuz, de Li Chou Ze et de Maître Dee Drouz, pour ne citer que ses poussières du gigantisme savoir qu’elle détenait au gré de ses monts et ornières. La Contrée, du lourd, de l’impossible dans le qualificatif des petites bulles précaires irradiées et dévastées par les bouches à merdre.

 

Alors bien sûr les historiettes et autres ragots mal ficelés pullulaient comme les hoquets d’une Mauricette devant une andouillette suintante la névrose. Mais on va s’en tenir à la dureté d’une citation laodesque façon trognon : « le fond de la cuillère, l’errance de la dernière goutte ».

Il est bientôt l’heure, la tentation d’un soupir et après … après y’aura encore du malin dans le tocsin. Faut pas croire que not’Lao va s’endiguer l’essieu dans le douillet. Il avait seulement pris des chemins escarpés, à grands coups de talon sur un mauvais sol. Façon de dire que la Grand Sachant, l’immensité des berges inexplorés, va se catapulter dans de nouvelles limbes. Patience, Constance, et vas-y mollo Paulo. Ken Tuch’ les baveux.

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