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untourdansmacoquille
16 mars 2019

Les incontournables de Lao Ya Dureuz (24)

Ce jour-là, il faisait un temps à se décarcasser les tendons. Sur le chemin de son aération céleste, Lao Ya Dureuz trouva un échantillon humain sur le point de choir dans le vide de sa non-existence. « Diantre, ce n’est pas commun », estima Lao en soupesant le glauque de visu. Lao estimait le bien en toute chose, et même les cloportes grabataires qui enkystaient cette belle terre avaient sa sympathie de complaisance … toute minimum, car faut pas abuser des bonnes choses.

Le quidam du sujet était mal en point sur son pont. Il n’en voulait plus, plus de rab, plus de miette… Il avait la glotte en mode arrêt. Il y a des jours où la toupie du marchand de sable tourne à vide.

Lao, de sa bienséance matinale engendreuse de congratulations et d’effusions labiales, lui tapa sur l’épaule en lui lançant « Alors ça roule ». Le mot parfait, juste, voilà la signature d’un maître de l’extase circoncise au plus petit dénominateur commun.

Le quidam, l’épaule défaite, eu du mal à retenir son corps qui prenait une inclinaison certes harmonieuse par rapport à la nature environnante mais portant vers le vide. Vous direz, fins observateurs que vous êtes, le vide appelle le vide et vice versa. Donc cette portance avait une logique du genre « retour à l’envoyeur ».

Le quidam resta sur sa quille droite, l’autre était déjà proche du néant sans point de contact. Extrême tension sur ce petit pont de bois.

C’est beau la nature quand on y pense, hein ! Tiens y’a un oisillon qui s’essayait à son premier vol et tout autour de cet arbre que de belles fleurs blanches… Lao avait l’émotion dans les fondements. Voilà not’ petit volatile qui tournait tout autour en déraison juvénile, petite bestiole à bec et à plume aux couleurs arc-en-ciel. C’est mignon à cet âge-là. Lao était émerveillé. Au loin, on entendit comme des roulements de grosses caisses, ça résonnait dans le feuillage, les animaux connaissaient la musique et se logeaient en prévision d’un passage cyclonique, et voilà la meute de gorets en goguette, les petites fleurs blanches étaient rapidement écourtées de leurs tiges. Y’avait comme un air de raz-de-marée en campagne. Not ’quidam tenait toujours sur sa jambe un équilibre précaire. Il réalisait que sa position instable n’était pas propice à un épanouissement et qu’il serait préférable de vaquer à d’autres occupations plutôt qu’à scruter son nombril de blaireau. Y’a un temps pour tout. « La réaction d’un pet de lapin est plus fort qu’un rot de carotte vapeur » célèbre proverbe des protubérances de l’Extase en version traduite non sous-titrée, ce qui risque de l’enduire en erreur. 

Bon, not ’quidam était dans la réflexion. Lao suivait le cheminement des deux neurones saumâtres en haut de l’affiche. En période de soldes y’a du bradé…. Mais c’est sûr t’as pas la qualité.

« Vivre ou mourir, de toutes manières tu sers à rien ! » encourageait Lao, toujours proche de l’empathie cartésienne et bienfaisante. Lao, il savait causer aux morts, même à ceux qui ne le savaient pas encore. Un don venu d’une consommation d’infusions de fumet de Yak… une erreur de jeunesse. Depuis, il lit, en taille 190 avec ressorts en housse, dans tout ce qui bouge ou pas. Un don, je vous dis !

Le quidam, il avait l’interrupteur principal qui commençait à fondre. Ça chauffait sérieux. Il ne savait plus, il était au bord du gouffre d’un matin sans rien et c’était pareil tous les jours. A quoi bon, autant sauter et hop… car tout desséché, émietté et désintégrer, il retrouverait les profondeurs des mers et il irait pourrir avec les autres déchets laissés par les hominiens à tête ronde et vide, elle aussi !

Lao Ya Dureuz n’avait guère l’occasion d’échanger si gentiment avec un être si dénué de sens pratique. Il irait bien lui donner quelques conseils judicieux pour la suite … Parce que dans les faits, le petit pont de bois… 

Le petit pont de bois
Qui ne tenait plus guèr'
Que par un grand mystèr'
Et deux piquets tout droits…

Oui ce petit pont de bois, n’était qu’à 50 cm du sol. L’œil avisé et expert du Lao lui permit de détecter un risque réel et unique de foulure…. C’est pas la grande sauterie expiatrice du mal qui allait frapper ce coup-ci ! Dommage !

Mais, voilà que notre oisillon décida de bouger et se posa sur la jambe en l’air du quidam, l’équilibre mesuré au micron devenait douteux. Sans surprise, le quidam passa de l’autre côté, du mauvais, et le voilà planté dans une flaque d’eau irritante aux hydrocarbures. C’était pas beau à voir, et ça sentait fort. 

Lao n’avait plus le sens de l’aération, il laissa le quidam surnagé dans sa flaque et partit de se délecter d’un breuvage non homologué. Quelle belle journée, les oiseaux chantaient forts dans les branchages pour se foutre de la gueule du quidam version invertébrée… C’est beau la nature mais c’est bruyant et chiant. Ken Tuch’ les atrabilaires.

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