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10 juillet 2021

L'Aquapopée 19/21

L'Aquapopée 19/21

Sur le chemin du retour, pas d'escapade sur les pentes rocheuses des ilots au couchant d’un soleil majestueux, il n'était plus temps à la découverte ou à l'expérimentation de mets douteux pimentés. Après avoir errer aux quatre coins de cette mer intérieure au cœur de la Contrée, il fallait revenir, au point final. C’était déjà un beau crochet et que si t’avais pas les aiguilles dans le bon sens, t’aurais beaucoup à faire pour éviter tout frottement. Les aspérités rocheuses de la haute Contrée sont autant d’obstacles, de scalpel insidieux qui découpent, tranchent et dissèquent les quelques rafiots qui tentent une approche hasardeuse en raz de côte. « Modeste marin, si tu n’as pas la carte et la boussole, n’approche pas de ces rivages. Reste à ta terre, je t’en conjure, c’est la mer qui le dit ». Lao Ya Dureuz entendait au vent portant la complainte du marin et de son embarcation bien mal menée. Ce n’était pas rassurant mais il fallait s’y faire. Il cherchait une faille dans cette malmenée et vacillante destinée. Malgré les lustres, soleils et lune dans la méditation de frêle arpenteur de terres appauvries, à la rencontre d’êtres si peu déterminés à courber l’échine, le Grand Sachant semblait fatigué. Avait-il fait la trace de trop ? L’ornière du vaincu était une nouvelle requête vers son chez lui. Il devait se résoudre sur ce modeste rafiot guider par un équipage hors d’atteinte pour les communs, à faire ce pas de côté et à espérer rejoindre vite sa Contrée. Il avait tant besoin d’humer les saisons au cœur des floraisons champêtres autour de sa maison. Il aspirait à ses vastes errements dans sa bibliothèque. Il savait que de nombreux voyages l’attendaient au fil des pages d’un quelconque ouvrage choisi sur ses nombreuses étagères. A chaque fois, l’aventure le ravissait dans le feuilleté d’une prose jetée sur un papier de belle facture. La seule vue de la typographie ordonnée d’un ouvrage le faisait gravir les sommets du savoir.

Mais pour l’instant, rien de tout cela. Solidement amarré, il cherchait la solution à son déséquilibre permanent. Sur le pont arrière du rafiot, il avait trouvé de quoi se caler. Il regardait fixement l’horizon, à l’affût des vagues venant se fracasser sur la frêle embarcation. Au gré d’une nouvelle déferlante en houles majeures, son immensité, noble esprit en salaison, se trouva face à un joyeux gastéropode, du genre qui se délectait les tentacules dans la mousson salée d’une trombe d’eau à basse température. Le dit gastéropode était un bulot, au demeurant bien sympathique.

Dans un amas de cloches, le bulot bucolique reprenait ses esprits. Voilà bien le conique de la situation, le mollusque gastéropode avait planté son pied bien au frais dans le sable pour garder toute sa raison. Quand un mauvais ressac, du genre tirefonds, l’enveloppa et le ramena sur la dunette et not’ bulot découvrit le Grand Sachant tout à sa méditative fixation. Point de grande transhumance, le bulot un brin alcoolique sonnait le tocsin : « Raz la coquille de se jeter dans l’casier ». Y’avait comme un début de palabres revendicatifs sur la dunette entre son immensité et le bulot du coin. Ce dernier, en recherche de la plénitude du noyau, se languissait la coquille iconique et avait la ferme intention de retrouver la quiétude d’un doux lit sableux. Fort de sa largesse aventureuse et dans l’à-propos d’un raisonnement au fondement à la conque, Lao Ya Dureuz d’un geste vif et agile, renvoya le bulot bucolique à ses joyeuses bulles.

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