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untourdansmacoquille
20 juin 2020

Les incontournables de Lao Ya Dureuz 92 - Biscotte

Biscotte

Au grand cœur les petits labeurs, telle la biscotte émancipée en vue d’une motte passagère aux huiles substantielles. C’est le matin ! Les aiguilles n’en font qu’à leur tic dans la cuisine, elles n’ont pas le tact de ralentir le temps perdu aux premières lueurs du jour. Un rien et la cuillère se joue la grande descente dans la tasse trop remplie. Le silence des bruits médisants d’une radio FM mal réglée rend douteux l’instant en recherche de verticalité. L’inconscient morceau de sucre se perd sur le lit mousseux du café fumant. Tiens, une orange passe, pas de sifflet ni d’apostrophe face à cette belle rondeur, elle a pour seule destinée de finir dans son jus. Les nouvelles s’enchaînent avec leur chapelet de grossièreté dans l’indifférence juvénile de cette journée. Chacun a l’horizon de sa tasse pour seule échappatoire, de peur de suffoquer aux malheurs d’autrui. Parlons-en de ces salaisons ! Car on digresse facilement au lever, mais trop tôt pour le sérieux. Pas de trace de saucisse, ni de jambon et autres colmatages fromagers aux abords de la nappe fleurie. Le sucré est bien suffisant pour se monter la pièce au firmament.

L’orange a fini sa parade. La quiétude reprend ses quartiers en faisant un tour de vitamine au bon goût de pépins. L’orange pressée ne tarde pas dans son gobelet. En voilà du ressort à bonne dose. La tartine, de son côté, prend ses aises, ce n’est pas son moment, alors elle se positionne fièrement sur sa tranche. La biscotte, elle, se tricote une belle petite fuite de confiture, la fraise est soumise dans son pot bien en vue. Il n’est pas possible de rater cette invitation au nappage dorsal de sa face croustillante et accueillante. Dans l’affaire, sordide d’un début de matinée, la nappe en prend une petite lampée. D’un coup de doigt malicieux, le forfait est réduit à une trace vermillon entre deux pâquerettes du bel imprimé. De cette confiture il n’en reste pas beaucoup sur la biscotte après le trempage dans l’instantané café.  Il faut attendre la dernière gorgée pour retrouver l’infime filet de marmelade.

Le silence se rompt dans la salle, quelques croquantes mastications aplanissent les céréales pas encore totalement humectées dans leur bol de lait. On se retourne vers l’intrus, le rustre qui projette cette absorption quasi-industrielle. Il en faut pour tous les goûts. Les flashs s’enchaînent sur le bas d’écran du téléviseur allumé après les premières valses dérisoires émises par la radio. Ce matin, l’info se gargarise les lampions pour garder éveiller le matinal.

Chaque geste se compte comme les doigts d’une main agrippant la biscotte. Un souffle de trop, une pression mal évaluée et le drame survient. La biscotte se casse en mille morceaux et plonge ses résidus beurrés dans le breuvage tout juste chaud. La cuillère tente un sauvetage, les premiers ronds huileux apparaissent sur le moka. Il faut faire avec, ce n’est que le début de la journée et ne pas en tirer des enseignements sur la suite. La tartine retrouve de sa belle prestance et le temps d’un dernier trempage, elle se plie à une ultime exquise bouchée. Il est temps de clore ce prologue gustatif matinal, et de prendre le chemin des arpents d’un banal ouvrage quotidien.  A demain, petite nappe fleurie, pour de nouvelles aventures de biscotte, la belle croustillante.

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