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untourdansmacoquille
23 novembre 2019

Les incontournables de Lao ya Dureuz (62)

L’épopée du toit 3/6 - Les discourtois laissent pantois

Pas heureux, le Lao, les narines encore dans le jus de calcaire et la douceur des miasmes en putréfaction; voilà deux tentatives vaines pour trouver un modeste chez-soi,  ça sentait le début d'une guérilla immobilière, Lao avait la patience d'un clou se frayant son chemin dans le béton, un zeste de résistance dans le forçage. Mais fallait pas abuser des bonnes choses. Alors fidèle à sa stratégie d'écartèlement des masses et dans le respect de la Sudation à tête plate (vieille coutume anti-dispersive qui n’apporte rien au propos mais ça fait bien pour hausser la voûte des blaireaux du coin), il décida de changer de crèmerie et d’aller voir du côté des agglomérés du concept à l'entassement...

C'est ainsi que d'un pas lazuré et polissé, il se trouva un beau matin devant un immense cube au milieu de champs phosphatés. Lao se disait que rien ne valait un peu de promiscuité avec son prochain pour comprendre l’état d'errance et la nature profonde et tactile d'un groupe d'humanoïdes entassés dans un parallélépipède bétonné... Voilà une source d'étude intarissable, une chose inespérée,  se délectait son immensité des croustillants du cloisonnement. Lao Ya Dureuz arriva dans sa placidité confondante d’espoirs. La gente et bien-pensante préposée à la visite immobilière était là pour lui faire visiter son projet de nid douillet laodesque. Y’a eu trouble dans le quartier, d’abord un fumet sucré envahit la place, puis on vit arriver une bécasse à échasse, sorte de bécassine sortie toute droite de sa bassine sans malice. Elle gloussa dans un équilibre imparfait  aux meilleures salutations de son immensité et toujours prête à une congratulation désuète et gratuite, elle commença à lui présenter l’incroyable proposition dans un verbiage à l’authenticité gravée dans la poudre de perlimpinpin. Lao Ya Dureuz, peu enclin à ces tripatouillages ronflants, écouta la souris oxygénée. Le clapier à loyer modéré mais sans les commodités était enfin devant ses yeux. 

Le côté pratique du concept ainsi décrit par la vendangeuse des bas-fonds, c’était l’absence de clés, les portes de la cage d'escalier et des appartements ont été défoncées depuis longtemps, comme les zozos qui squattaient le hall, défoncé aux produits issus des cultures bio des caves dans les sous-sols. Cela permettait une meilleure circulation des effluves indigestes et décharnées entre voisins. Une vaste colocation, si c’est pas la modernité dans le taudis…

Après la plate-forme à herbacée, il fallait s’enquiller les cinq étages, l'ascenseur n'étant plus qu'une ligne de charge à payer, on enchaînait les espaliers à la mimolette. Un voisin meugla qu’un courrier est arrivé. C’est qu’y a aussi des boîtes aux lettres. Bof, y’a que des factures, ici dans les paillotes à cloison grêle.  Rien ne vaut le contact humain, comme disait ma voisine. Ici, le plus commode est de traiter annuellement l’huissier.  Il devrait pas tarder à venir le cochon faire le tour des essoreuses. C’est qu’on est accueillant, y’a toujours du moite et du douillet malgré les os qui dépassent. Ah, ce charmant voisin disait l’échassière à pénates , lui aussi, c’était un chic type, un peu porté sur la bouteille. Dommage il avait une vraie vocation, il aurait pu être curé ou instituteur voir animateur. Mais il aimait trop les petits garçons. Le cœur brisé, il a dû abandonner ses débuts dans le tâtonnement. Il s’était retrouvé là dans ce terrier décapsulé. Depuis, il rendait service aux jeunes mères de famille qui travaillaient, il gardait leurs enfants. Quand y’a du réconfort, c’est le matelas de la bienfaisance qui fait dans la plume.

Mais la blondinette à rouflaquettes commençait à trouver le temps long, fallait conclure et elle sentait l’insondable Lao dans la méditative transe des opiniâtres, elle avait donné tous les arguments de cette charmante retraite à grandes ouvertures. Elle lança au débotté façon savates dans les génuflexions à zeppelins que « Les pauvres, bon on s’en lassait vite, c’était consternant d’os… », c’était façon de voir comment l’intransigeant vaporeux allait réagir. C’est qu’elle savait parler aux clients laborieux dans la prise à neuneu. 

Lao Ya Dureuz avait pris la hauteur nécessaire pour clôturer définitivement la truffe de l’huitre qui lui vomissait ses effluves dans l’espoir d’un épilogue contractuel. Que nenni, Lao Ya Dureuz bien au fait des laborieux, considéra que l’approche méditative du lieu ne donnait pas satisfaction. Y’avait trop de beau monde au m3, il laissa donc Bécassine toute à la portée du voisin baveux et repris sa quête d’un toit hospitalier… Ken Tuch’ les maussades.

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