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untourdansmacoquille
31 décembre 2023

N°156 De la lumière en embuscade

« La muse rit, elle a tellement ri, sourire aux lèvres comme la bataille rangée contre l’improbable. Aura-t-elle encore le rire comme étendard ?» énonçait Maître Dee Drouz, un soir que t’as les genouillères dans le gratin. 

Cette longue impasse verbale, il la partageait avec le docteur Trez’mol, le casseur des burettes à huile, le dignitaire des « doigts dans la prise que si t’as des palpitations, c’est qu’y a un doute ».

Dans son domaine, il était fréquent de penser que le doute n’existait pas. La certitude en bandoulière, les hauts tenants de cette perfide science planaient sur les contradicteurs, petites jointures sans relief. Eux savaient point ... sans ficelle ni consigne. Les fugaces bouches à merdre autoproclamées n’avaient qu’à se ligoter les moignons pour s’éviter le tampon funeste.

Mais reprenons le propos digeste du moment, comme dirait Mauricette en apnée sur son lit de pâquerettes.

Le docteur Trez’mol, nouveau venu dans la Haut Contrée, avait le ton juste et l’emphase parabolique. Sans logique dans la turpitude du millésime, on l’avait déjà affublé du sobriquet : « Le Mèzgue ». Ici-bas dans la Haute Contrée tous les fils rouges ne se touchaient pas. Y’avait toujours bataille dans la plote.

Le doc, le Mèzgue, pour les décaissés des complétudes, était venu, en cette fin de journée radieuse d’hiver, faire une petite visite de courtoisie à son immensité Lao Ya Dureuz, plus simplement évoqué sous la terminologie de Grand Sachant. Faut savoir être simple comme une Mauricette en fond de glotte.

Lao Ya Dureuz avait commencé sa journée dans son grand jardin. L’hiver était l’apaisement chez les plantations. Tout semblait dormir profondément, attendant le vrombissement de la sève dans les tiges. Et non, Mauricette faut pas baver sur le tapis, ça fait des traces !!

Il scrutait pourtant chaque branche, chaque rangée d’arbustes en floraison. Chaque saison avait son effluve, sa couleur et son destin. Et la saison de l’hiver avait sa place bien au frais dans le tumulte d’un cycle de vie. Elle se prédestinait au passage d’une nouvelle porte au cœur du noir. Les plus anciens, bien plus poussières que la fine mémoire de la Haute Contrée, l’évoquaient au cours de longues soirées comme le « Miz Kerzu » obscur profundis vers la nouvelle ère. Une fois de plus, Lao Ya Dureuz attendait ce passage, délectation des sens. Le sombre redonnerait la possibilité à la lumière d’apparaître et d’éclaircir nos visions. Ainsi, le jardin de Lao reprendrait sa sage détermination à l’éclosion vagabonde.  Et dans tout cela, le Mèzgue, il était perdu le p’tiot. C’est qu’il avait vu large en pensant qu’il fallait qu’une visite pour faire le tour du proprio. Pas simple, le bastringue. Maître Dee Drouz l’avait prévenu. Le rire ne s’éteint pas avec l’interrupteur du bonheur. Il s’auto-alimente comme une vague naissante et tempétueuse qui vient déferler sur les rives d’une belle… d’une mirifique comète. 

Le Mèzgue est reparti ainsi qu’il était venu, petitement et glissant sur ses certitudes mais rempli de sagesse et d’intenses calculs pour les cohortes futures qui viendront l’éclairer.

Lao Ya Dureuz continuait, lui, à vadrouiller dans les limbes terreuses de son jardin. Bien plus occupé par cette nature au devenir opulente que par l’écumante bave de laborieux scoliastes ankylosés. La muse, elle, continuait de rire, c’est sûr.

Ken’Tuch les radieux.

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