Les incontournables de Lao Ya Dureuz 125 Des contes de mots
"Un sourire figé sur le papier glacé
Glaneur d’espoirs, le cœur s’emballe
En ce début de journée aux reflets sépia"
Le temps n’a pas pris une ride
L’aiguille a décidé de garder sa pose
Pas moyen de la faire avancer
Demain n’existera pas tant que
Le présent n’aura pas trouvé son tempo.
L’horloge du salon a tout vu
Tout entendu malgré sa fine moulure
Elle ne veut pas oublier
Pendule nostalgique d’un temps
Possédé par l’insouciance.
Lao Ya Dureuz scrute les étagères de sa bibliothèque. Encore une fois, une fois de plus. Les ouvrages ordonnés dans un éventail savamment construit, font plier les planches de bois. Certains jours, on entend le craquement des fibres pliant sous le poids d’un savoir jamais épuisé.
Au hasard d’une recherche sans sens
Global désir de trouver l’étincelle, enfin
Pour peu qu’elle existe, un ouvrage
Se retrouva sur la table de lecture
Couverture jaunie par le temps qui
Passe et fait trépasser les chatoyantes
Couleurs d’avant.
Pas de marque, pas de trace
Un livre pur, aux essences naturelles
Du premier jour, à sa sortie des rotatives
Courage, ouvrons le joli ouvrage
Qui ne demande qu’à être découvert
Surprise de Lao, les mots s’entrechoquent
A la lecture de chaque paragraphe.
Les mots ont décidé de ne pas se laisser
Lire avec la facilité d’un coup d’œil
Ils veulent succomber à l’impression de l’effort
Nécessaire sursaut pour réussir à comprendre
L’enchevêtrement de syllabes qui s’en donnent à cœur joie
Petits sautillements sur le bas-côté de la page.
Malgré la délicate tâche de cette aventure livresque
Porté par des mots qui ne cherchent qu’à contraindre
Un décodage à rebrousse-poil, Lao poursuit
Sa lecture à la lumière d’une bougie dont les reflets
Épousent le rythme des mots sur le papier
Pas moyen de se retirer sur la pointe des pieds.
La nuit a fait son chemin et le soleil a pointé ses rayons
Sur la fenêtre, il faut remettre le livre
Sur son rayonnage après s’être assoupi à la lecture
Des dernières pages, il retrouve sa place entre deux
Épais recueils fantasques et sophistiqués.
Mais de quoi parlait cet ouvrage
Que voulaient les mots si bien ciselés
Et portés par une plume fine et soyeuse
L’ouvrage avait tenu Lao Ya Dureuz
Éveillé tout au long de la nuit.
Il fallait bien une équipée nouvelle
Un aspirateur à ressort de l’outrage
D’un propos bien trop propre sur lui
Pour figer l’œil du Grand Sachant.
Saches, tendre fossile
Dézingué aux bouches à merde
Que la lecture est une affaire
Toute aussi vaporeuse qu’heureuse.
Lao Ya Dureuz
Est à sa quête
Du paisible poète.
Gagnant les rivages
Par moults paragraphes
Pour un simple épitaphe.
Les mots avaient tout emporté
Sur leur passage, à la pensée d’une autre réalité.
Seule la petite musique subsistait
Le songe d’un doux visage au teint frais.
Un soir, couleur sépia
A jamais.