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untourdansmacoquille
26 mars 2022

Les incontournables de Lao Ya Dureuz 122 L'esbroufe dans le trémolos

L’esbroufe dans le trémolo

Y’avait trop… un trop plein dans la jactance du sieur. C’était limpide comme un lavement. Lao Ya Dureuz pourtant fébrile dans l’esquive et peu économe en paroles pesées aux petits oignons, n’arrivait pas à tempérer sa douce plaidoirie face à ce monticule de verbiage. Ça sortait telles les geintes d’une Mauricette devant un chausson aux pommes fourrées au Reblochon. 

Le Grand Sachant, adepte du laisser-faire façon « manche de pioche », écoutait. En soi, dans la fibre d’un bien-consentant, c’était déjà une prouesse.

Qu’avait-il à dire ce sieur ? Et qui était-il pour tenir une telle mélopée d’abjectes certitudes ?

Reprenons le fil, peu importe la pelote, d’une rencontre aux confins d’une belle terrine.

Ce jour-là, ou un autre si celui-là était déjà coché, Lao Ya Dureuz avait décidé de pousser sa virée champêtre sur les bords d’un terreau fertile en jachère immodérée. Le chemin filait droit au long des haies vétustes, chargées d’essences fières de leur histoire, de leur passé. On aurait dit que chaque branchage voulait gagner le combat d’une vie d’arbrisseaux plantés au gré d’une mauvaise, ou plate excuse évitant ainsi la nuisance féconde d’un ensoleillement. Tout était donc sombre sur ce chemin, mais fort de son usage, Lao Ya Dureuz gravissait chaque métré avec la fougue de l’impétueux solitaire à la recherche de l’aiguille d’un temps jadis trop long. Mais bon, il fallait se faire à l’idée du copeau dans le sédiment, comme disait Prosper, l’opportun des bas-reliefs. 

Tout juste en pause décalcomanie sur un fond d’horizon dégagé sous le ciel, voilà not’Lao hélé par un mortel omnipotent dans son déversement de goitre. « Fichtre », éructa intérieurement son immensité, c’était bien là l’endroit innocent dans sa platitude qui aurait dû lui éviter une telle rencontre. Le gnome, fort de son expression mousseuse, sollicitait la bonne direction. 

Sans réussir à éjecter son injonction explicative, le quémandeur continua sa purgation syntaxique. De la bonne direction, il fallait envisager les différentes solutions d’une apothéose fuite dans un au-delà forgé à la bienséance de son prochain. « …De mes fondements… », corrigea Lao prestement au plus fond profond de ses méninges. Petite décoction absurde et déraisonnée, trop branchée aux bouches à merde, le gnome, ainsi que Lao dessina les contours du chose posé sur deux pattes qui lui faisait face, continuait à bavasser son verbiage. 

Pour les plus finaud en herbacées, le sujet de l’interlocution, navrante dans le propos, résidait sur le sens et le but d’un tel tracé chemineux. Que de foutaises en tant de couenne imberbe, se dit Lao Ya Dureuz qui ne désirait que poursuivre sa route au plaisir des caresses d’un soleil au zénith.

Considérant que la réponse n’était pas attendue dans la logorrhée dispendieuse du quidam, seul comptait ce vomissement de commentaires boursoufflés à la suffisance, il était donc préférable pour Lao de s’éloigner. D’un volte-face duveteux sur les contours, le Grand Sachant laissa l’ossature en jactance continuer à discourir en solo. Le quidam n’ayant plus de repère, et poussé par un « je-ne-sais-quoi » dans le phrasé s’effondra sur un entremêlement d’arbres et disparut absorbé sous les épaisses écorces d’ancestrales chênes qui en avaient bien entendu, eux aussi. 

Le silence avait repris son solstice et se répandait sur les bois environnants. Lao Ya Dureuz regagna son logis sur les Hautes Contrées. Abreuver de tant d’immondices volubiles, il ferma les yeux pour n’entendre que son souffle intérieur gagné peu à peu par la plénitude de cet instant. Ken Tuch’ les sonnailles.

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