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untourdansmacoquille
9 mai 2020

Les incontournables de Lao Ya Dureuz (86) - une fenaison en pleine lune

Une fenaison en pleine lune

Le soleil avait pris ses quartiers dans le molleton capiteux d’une autre dimension laissant la lune s’accaparer les effluves sablonneux des ronfleurs impétueux. Que la Contrée de son immensité, le Grand Sachant, était paisible !

Paisible, oui mais diablement éclairée par une pleine lune qui voulait se la jouer grand astre version boulette à facettes, comme disait Mauricette la glorieuse arpenteuse des planes surfaces. On y voyait comme si le mollusque du coin avait tiré la ficelle de l’interrupteur et s’extasiait devant le frétillement d’une lampe à dessouder son prochain.

Malgré cette luminance soirée et l’approche d’une nuitée salvatrice pour les braves de la Contrée et y’en avait, n’en déplaises aux blaireaux des ornières avachis sur leur banc tel des Playmobil devant un parterre de majorettes – donc malgré cette ambiance , not’Lao avait la déglutition en perdition. En fait, comme une petite faim le taraudait, ça gazait dans le vide et ça c’est pas bon chez le Lao. Donc, le dispositif de survie laodesque, la seule échappée possible si t’avais les jambes parce que fallait pas compter sur le peloton, c’était de retrouver la douceur suave des mets d’une fée des agapes culinaires, la délicate orfèvre LI CHOU ZE des Contrées.

L’œil jadis en flétrissement nocturne reprenait vigueur et volupté à la projection en haute définition d’une tablée bien ordonnée aux confins des terres de la Contrée. Tablée fièrement recouverte d’une enfilade de plats tout aussi colorés qu’enivrants. Chaque narine en avait pour ses mucus et l’encyclopédie olfactives des plus grands nez n’avait pas atteint l’exhaustivité des fumets tout droit sortis de la cuisine de LI CHOU ZE. C’est dire qu’en cette nuit éclairée, Lao Ya Dureuz ne prit pas la peine de contempler  ses lamentations et se dirigea au plus vite chez son amie pour une veillée gustative. En quelques claquements de talons, il se fut rendu et déjà attablé prêt à engloutir toute préparation gastronomique à portée de mains et de bouche. 

« Coucou, le méditatif ! » disposa LI CHOU ZE dans l’oreille laodesque.

« Mandoline des hautes officines, je viens te saluer et goûter en cette nuit blanche à quelques grignotages dont tu as la discrétion » souffla son immensité.

C’est qu’il fallait pas la pousser trop fort la supérette de la gastronomie, elle en avait dans la brouette. D’un clignement d’huitres mal fécondées, elle se replia dans sa cuisine pour préparer sa spéciale « fenaison des ripailles en nuisette ». Elle tenait cette préparation d’exception coulissante à souhait dans le gosier, d’une vénérable trafiquante d’herbacées, la Marguerite de son petit nom, une grande dame de la passoire et de la poche à douille. 

Il fallait s’enquérir de quelques aliments dont la consistance devait garder la floraison des grands espaces. Dans un désordre à l’allégeance sympathique, il fallait rassembler : un souffle rauque d’aigrettes, une pincée d’alvéoles robustes de feuilles fruitées, deux bottes de tiges globulaires issues de plantes non modifiées par le bourdonnement d’un bourdon et la macédoine d’une grande timbale d’allégories salées. Et voilà, rien de plus tactile qu’une bonne brassée d’ingrédients aux airs d’arc-en-ciel. Il y avait là une grande dispersion de substrats choisis grâce à la main experte du cueilleur hirsute des plaines de la Contrée. Tout résidait dans la liaison fugitive d’une moisson comme disait la Marguerite.

Avec tout cela et quelques compléments et d’ajustements épicés, il fallait se lancer dans l’agencement de cette fenaison en quatre actes toute en liberté inspirante. Pour cela reprenons le Grand Livre de la Marguerite…

Tout cela commence dans la captation du tout dans un ordre déterminé - mais là n’est pas le plus important, l’oblique de la recette réside dans le lustrage de sa ligature et y’a rien à y comprendre – donc ce tout, il est nécessaire de le dépecer, le couper, le hacher dans le sens longitudinal d’El la Plancha. A la vue de ces circonstances fortuites résultantes d’un fort amincissement , le tout devra ensuite être rassembler dans un plat concave assorti d’un bonnet tout aussi convexe et c’est le temps de la cuisson, sorte de séchage non consentie par le plus grand nombre.

Le temps de la cuisson est variable et il n’y a pas de texte précisant cette donnée, donc on fait ça à l’œil et c’est pas beaucoup en somme, même faut pas s’égarer. 

Avec l’expérience de la virtuosité gastronomique des plus grands, on entend bien vite le souffle rauque de l’aigrette s’éparpiller et là, petites guimauves, il faut déclencher la nouvelle étape.

Elle consiste à retirer le récipient à l’enthousiasme torride et à commencer à regrouper  les différentes composantes en file d’attente. Chacun doit avoir sa place dans l’ordre de l’avant et de l’après. Gardons le rythme d’une belle séquence pour finaliser cette fenaison. Elle sera l’assurance d’une ripaille gustative. Enfin, la botteleuse à filaments est nécessaire pour agencer au mieux le dispositif sur l’assiette du convive. 

Pour la décoration en nuisette, LI CHOU ZE avait sa préférence. Son jardin intérieur lui donnait la perspective d’une belle cueillette d’ailette de jonquille issu d’un songe d’une nuit d’été. 

A peine la fenaison versée sur l’assiette, LI CHOU ZE se tenait aux côtés de Lao Ya Dureuz pour lui présenter ce met éclairci. 

Le bleu d’un horizon lointain entourait son immensité qui n’avait plus d’onde dans le corpus.

« Trop bon » arriva à susurrer not’Lao tout en suée après la première bouchée, tout juste déglutie. 

Puis, une bonne lampée après l’autre le tapissait d’une joie intérieure alors que la lune n’avait pas encore fini de prospecter les méandres de cette nuit. Il fallait encore du temps, cela ne pouvait pas se terminer ainsi, glapissait Lao Ya Dureuz. Petit moment de déconcertante pamoison pour son immensité, mais que pouvait-il faire face à ces délicieux arômes qui emplissaient toute sa modeste chère. Son immensité se délectait, s’abreuvait sans limite de ses offrandes gustatives.

Après cette fenaison, discrète sensation d’une nuit de pleine lune, LI CHOU ZE le laissa partir sur les chemins de la Contrée pour regagner son domaine. Il avait l’espoir de la retrouver bientôt peut-être pour cette si délicieuse préparation de coulis de chocolat aux lamentations onctueuses d’un soupir affectueux.

Ainsi,  le Grand Sachant, sur le chemin du retour, avait cette petite musique sortie des hauts fonds, la pleine gratifiante sensation d’un embrun sucré et salé, laissant sur la bordure les méandres du quotidien. Il ne fallait pas chercher ce soir la caducée comme lanterne sur le chemin du retour, la lune avait pris le parti de rester allumé…. Ken Tuch’ les trainards

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