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25 avril 2020

Les incontournables de Lao Ya Dureuz (84) - Le Confi de Lao

Le Confi de Lao

Y’avait eu l’avant, qu’on lorgnait dans le rétroviseur de la Panhard bien calé en fond de blanquette. Et puis, y’aurait l’après, pour les plus chanceux. Mais maintenant, c’est le pendant, ce dernier grondement pour réguler les stries filandreuses du matin grisâtre. Chez not’Lao, c’était le début d’un long périple intérieur tel le saumon remontant son courant parsemé des déblais d’une concentration d’hominidés. 

Selon des sources toutes aussi sûres qu’une reniflée d’opossum à l’éternuement confus, il fallait se contenir à ses métrés originels car la nature, ou ce qu’il en restait, avait décidé de se venger, enfin ! Diantre, petits peintres en bâtiments obscurs aux façades dégarnies, voilà bien une émanation singulière dans vos espaces focales. Lao Ya Dureuz, son immensité des plaines abrasives pour petits pédoncules bipédiques, décida de poursuivre son cheminement méditatif entouré de ses habituels compagnons dans son fief sur les hauteurs de la Contrée hospitalière. 

Gardons à l’esprit, chose pittoresque pour un grand nombre, que Lao n’est que l’expression d’un sentiment qui traverse l’autre et essaye de le rendre meilleur, sorte de révélateur à particules décalées et positives pour comparses échoués dans un espace temporel inconnu. Devant lui, à cet instant, la longue plaine étendait ses plis d’émeraudes.  La nature voulait lui offrir encore une fois ces paysages dont l’agencement n’était que le résultat d’une lente maturation au gré du bon vouloir d’un ramassis en mauvaises veines. 

Mais la Contrée hospitalière du Grand Sachant était préservée des errements d’aménageurs décérébrés. Aujourd’hui encore, seul, Lao observait les vallons en pleine éclosion printanière. Le rituel de l’observation était partie prenante de l’existence de Lao Ya Dureuz. Il n’existait pas chez son immensité de sombres inquiétudes ou de sources obscurs d’un fonds  de grottes inexploré. Rien de tout cela. La période vécu de l’isolement était le juste retour des choses après de si longues lamentations. Lao Ya Dureuz concevait cette rupture organique comme la vaine épluchure d’un oignon face à la folle chaleur huileuse d’une chimère fricassée. 

Le Grand Sachant, reclus dans son domaine champêtre, écoulait ses journées à la langueur des aiguilles d’une horloge qui aurait décidé de prendre son temps. La principale activité notoire de son immensité était sa décoction syllabique dans sa bibliothèque exclusive. A l’abri de toutes plaintes macroscopiques à têtes hirsutes, patentés réceptacles à l’hystérie collective, Lao reprenait le sens de sa démesure dans la lecture d’opuscules primitifs issus de ses vagabondages et de ceux de ses anciens. Il y avait là de quoi garder intact sa foi en l’autre et réciproquement, même si cela pouvait bafouiller dans la chapelure de certains, vu la capacité à s’autodissolution des bipédiques. 

Gardons l’instantané de cette belle image jaunie d’un Lao Ya Dureuz dans la quiétude d’une balade virtuelle au gré des pages d’un carnet tout aussi écorné que la Mauricette sur son balcon, désabusée par les vols névrotiques de goélands rieurs. Il y avait, céans sur le vif, une sorte de message de la sainte renonciation d’un monde qui avait voulu se la maquiller dans le sens du relief, mais y’avait goujons dans le filet. L’hirondelle s’était pourtant donné la peine d’aviser le commun : y’aurait tourments dans le Printemps qui prendrait ses aises pour se faire la malle. Les vicissitudes passagères des saisons allèrent prendre l’ampleur d’un vide-bulbes.

Mais qu’importe tout cela car tout recommencerait,  c’est la valse sans temps ni gousset qui reprendrait avec la démesure d’un mauvais hoquet et d’un clic, il se fera reset, le bipédique. Déjà certains ont commencé leur nécrologique lavement, essorage à neurones en décrétant que l’éblouissant individu hominidé était au-dessus de tout cela. C’est « cela » qui s’empresserait de les mettre bien au fond des fosses. 

Toute à sa méditante réflexion, Lao Ya Dureuz regardait son jardin aux lueurs d’une brume matinale non saturée. Paisible petit lopin terreux, carré verdoyant dans lequel les fleurs se livraient à une rude compétition colorée, et chaque petit hôte du jardin poursuivait sa destinée, peinard comme les bourgeons en pleine lune. Son immensité profitait, lui, de ces instants sans l’amertume d’une mauvaise mousse, il n’avait pas d’illusion sur le reflux des alluvions en période de grande marée. 

Lao Ya Dureuz, après sa divagation livresque du petit matin aux senteurs de perles de rosé et « faut pas lésiner sur le degré de pépins dans le raisin » comme disait La Sœurette, avait repris son élan dans le sens de la longueur pour parcourir les couloirs de son domaine.

Résultat de sa trottinade en coin de plinthe nonchalante, il s’émut dans son confit toute à l’huile, modeste terminal à neutrons pour impatient de la languette à plomb. Tout cela pour dire que Lao s’était exfiltré, au creux de cet isolement, dans ses errements passés, petits ergots passagers, et il retrouva dans le plus simple appareil une série de bocaux. Et ils étaient beaux ces illustres bocaux, petits tonneaux à constellation. De la simple observation de ces contenants translucides, son immensité reprenait espoir dans une terre qui savait tant. 

Toutefois l’épineux mur devant lequel se trouvait un grand nombre de bipédiques adeptes de la morveuse décontrition au n’importe quoi, donnait à son immensité l’occasion d’une nouvelle descente dans les méandres d’un subconscient tout juste libéré du joli ruban fécond. C’était si apaisant ces doux instants quand t’as le duvet du Lapinou dans le sens de la carpette, et c’était sans compter Mauricette qui se faisait des tresses. Le confi de Lao, vaste champs d’opercules mal dégrossis, était une passade  qui enflammerait les bétonnières à savoir sur de longues trainées. 

Rien ne serait comme avant, encore que si tu savais ce qu’il y avait avant, t’aurais pu te dire qu’après, valait mieux se la jouer moins néfaste. Mais bon, t’avais par le replay fixé aux socquettes. Lao Ya Dureuz, lui, sentait que la naphtaline prenait le bon sillon, y’aurait des mauvais songes à tenter une reculade. Dans le croisillon d’un souffle d’absurdité, son immensité se disait qu’un confit en valait, des fois, plus de deux. Pour clore ce prélude naissant, Lao Ya Dureuz s’empressa d’engober une cuillérée de pastilles d’essence de tangerine pour parfaire sa flânerie matinale. 

Maître Dee Drouz, entassé au creux de ses nattes, n’en demandait pas plus pour revenir en scène et proposer à son immensité le programme de la journée  au plus fort d’un doux confit. La lune avait enfin décidé de clore sa mire pour laisser se quereller l’astre dispendieux avec quelques nimbus revendicatifs. Le temps était devenu fragile malgré la lenteur du jour, Lao Ya Dureuz reprit une louchée de rosé éparpillé sur les nervures rupestres d’une floraison naissante et continua de penser que toute coulure méritait sa croûte. Ken Tuch’ les canetons.

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